Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lifestyles
21 décembre 2006

Les Français, les Allemands, unis par la communauté de destin et par la similarité des réactions face au monde qui change

Sociovision a lancé en Allemagne depuis plus d'une dizaine d'années l'équivalent de son observatoire sociologique approfondi français, le 3SC Allemagne. Les résultats publiés en fin d'année 2004 sur l'état du climat et de la socioculture allemande présentent à bien des égards des similitudes avec ceux décris en France.


Les craintes pour l'avenir sont fortes. De plus en plus d'Allemands se "capitonnent". Ils constatent que la situation se dégrade et cherchent, autant que possible, à préserver ce qu'ils ont. On est loin des espoirs de progrès social.

Pour faire face à l'adversité, les Allemands, tout comme les Français, resserrent les mailles de leur tissu social et investissent sur eux-mêmes. Ainsi le "petit nous", c'est-à-dire la famille, les amis, les copains, les relations, les collègues de travail prend plus d'ampleur. En parallèle, les Allemands accordent une importance plus grande à leur "moi". Investir dans sa formation, dans un mode de vie qui corresponde à ses envies, s'épanouir, se faire plaisir, avoir confiance en soi, sont autant de symptômes d'une société où les gens ont tendance à ne croire qu'en eux-mêmes et à se méfier de plus en plus de leurs institutions. Nos collègues de Sinus Sociovision synthétisent ce constat en évoquant un certain "ego-activisme" dans la consommation, dans le travail, dans la vie citoyenne.

Comme la société française, la société allemande change indépendamment des pouvoirs en place. Les gens s'adaptent, trouvent de nouveaux équilibres au niveau de la micro-société, loin de l'agitation, des remous et des turpitudes de la méga-société et de la vie politique.

Phénomène très marqué en Allemagne, plus accusé que celui que nous constatons en France, la perte d'attrait pour la consommation. La baisse de l'engouement consommatoire est telle que nos collègues allemands mettent en relief la montée des "consommateurs critiques". Ils ont, cependant, été conduits à segmenter la population en trois attitudes dominantes : les consommateurs vertueux (pour décrire des comportements de rétention consommatoire dans les populations traditionnelles), les consommateurs en colère (à propos des consommateurs des couches moyennes populaires), les consommateurs sélectifs (chez les modernes des couches sociales aisées).

Trois théma La première porte sur l'explosion du nombre d'Allemands qui se perçoivent comme les grands perdants des difficultés économiques. Leur nombre a été multiplié par 5 en quelques années ! L'impression domine chez certains que la période est une descente aux enfers et que le futur n'apportera rien de bon.
1La seconde est celle de l'obésité. Les Allemands découvrent les méfaits de la mauvaise et de la suralimentation. L'obsession du poids se répand dans la population.tiques sont particulièrement sensibles en Allemagne aujourd'hui :

Enfin, la prise de conscience forte des conséquences du vieillissement de la population et la part croissante des seniors dans la population.

Alors que les Allemands avaient plutôt accompagné depuis une dizaine d'années une remise en cause du confort apporté par le "welfare state", la tendance est clairement inversée depuis deux ans. Le phénomène est comparable à ce que nous constatons en France : les réformes dites "structurelles" ont été perçues comme des sacrifices quantitatifs dénués de toute contrepartie qualitative susceptible d'adoucir la vie, d'entraîner l'adhésion, de concilier désir d'autonomie et besoin de lien social.

Nous avons presque honte de rappeler ici ce qui devrait apparaître comme une lapalissade mais il le faut puisque des esprits éminents refusent de voir qu'une réforme, pour être soutenue par l'opinion doit représenter un "plus". Si elle se borne à rogner des avantages supposés acquis, elle devient synonyme de "moins". Le pessimisme balaye alors toute volonté de changement et les effets pervers s'accumulent. Plus les gens ont le sentiment que l'avenir risque d'être marqué du sceau "toujours moins", plus ils ont tendance à s'accrocher à ce qu'ils ont. Ils ont beau savoir que le vieux modèle européen, fondé sur l'Etat providence, a ses beaux jours derrière lui, ils s'acharnent à retarder l'échéance. C'est précisément ce qui se passe en Allemagne comme en France : la crainte du pire l'emporte sur l'espoir du mieux.

Il en découle une sorte de tentation de repli, de "retour à l'oeuf". Sociovision a régulièrement été conduit à constater que, face à la difficulté, les populations ont tendance à puiser dans leurs racines culturelles. L'Allemagne d'aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Constance et continuité, recherche de stabilité, ressourcement sont des comportements en vogue. Les Allemands réinvestissent leurs basiques, leurs repères, leurs règles simples, les choses dont ils savent qu'elles marchent. Prendre soin et s'occuper de soi est devenu une activité qui se répand et aide à vivre une période délicate. Ce réinvestissement des basiques s'accompagne de mouvements également observés en France depuis deux ans comme, par exemple, la priorité accordée aux relations profondes aux dépens des relations foisonnantes superficielles

Un parfum de réalisme et de sobriété flotte dans la tête de nos amis d'Outre-Rhin. Le travail, jadis valeur sacrée, depuis quelques années valeur en berne, reprend de la vigueur. Le sens du devoir, au sens traditionnel du mot, refait son apparition.

L'Allemagne est en travail. Des fractures, des renoncements et des mises en cause s'opèrent. Si une partie importante de la population allemande est en passe de trouver de nouveaux équilibres, d'accomplir des micro-changements pour s'adapter à un monde en mutation, elle le fait par l'ajustement spontané de réponses individuelles plus que sous l'impulsion des pouvoirs et des élites. Comme en France, le fossé s'est creusé. Comme en France, des rancoeurs s'accumulent dans les segments de population où le désespoir monte.

Extrait de

La Lettre

de Sociovision Cofremca n°58, juin 2005 ©Copyright SOCIOVISION 2005

Sources : http://www.sociovision.com/sociovision/page?rep1=Archives&rep2=Archives_News&nom=L58FrcsAlldsFR

Publicité
Publicité
Commentaires
Lifestyles
Publicité
Archives
Lifestyles
Publicité